mercredi 24 novembre 2010

Interview de l'écrivain Anthony Fauré

Interview de l'écrivain Anthony Fauré, auteur des nouvelles sur le projet "L'envol des éléphants"





Bonjour, une petite présentation s’il te plait

Anthony Fauré : Alors, je m’appelle Anthony Fauré, j’ai 24 ans et je suis originaire de Lyon. J’y ai notamment passé mes études post-Lycée en fac d’Histoire, et c’est en première année que j’ai rencontré Mik le Désaxé et d’autres (dont YuAir) qui sont devenus au fil du temps mes « potes de fac ». Avec un master en Tourisme en poche, je travaille désormais à Paris dans un cabinet de conseil en Marketing Touristique. En parallèle, j’écris maintenant depuis plusieurs années des récits, nouvelles, romans à un niveau amateur. C’est une vraie passion qui grandit au fil du temps.

Quelles sont tes influences ?

A F : En littérature, ce sont surtout des influences en Science-fiction, qui est vraiment mon dada. Je ne vais pas être très original pour ceux qui connaissent cet univers, mais j’adore le style poétique et imagé d’un Bradbury (Les Chroniques martiennes), la fluidité d’écriture de Matheson (Je suis une légende) et la technique d’écriture de Christopher Priest. Autrement, les deux dernières claques que j’ai prises sont « la Horde du Contrevent », une sorte de livre chorale autour d’une douzaine de personnages à la recherche de l’origine du vent. Une vraie aventure épique qui, au niveau de la gestion du rythme, est impressionnante. L’autre, c’est « La Route » de McCarthy, l’histoire d’un homme et de son fils évoluant dans un monde mort, parcourant une route à la recherche de l’espoir. Ce qui est très fort, c’est qu’il arrive à rendre l’écriture aussi déserte, dépouillée et épurée que le monde décrit dans le livre. Je n’ai jamais autant été pris par un bouquin. Hors Science-fiction, « Des souris et des hommes » (de Steinback) est l’un de mes ouvrages préférés, ainsi que « Le vieil homme et la mer » d’Hemingway.

En musique, c’est surtout Hip Hop US (oui je sais, c’est pas bien de n’écouter qu’un style de musique !), et loin de ce qui se fait aujourd’hui : Public Enemy, EPMD, Big Daddy Kane, Beastie Boys, et d’autres moins connus (Aesop Rock, Slaine, Non Phixion, Cage, Sage Francis,...)

Comment es-tu arrivé sur le projet l’envol des éléphants ?

A F : Tout d’abord, étant un ami assez proche de Mik le Désaxé, j’étais au courant du CD 8 titres qu’il préparait. De son côté, il savait, pour avoir lu plusieurs de mes nouvelles, que j’écrivais régulièrement. On avait déjà tenté de travailler ensemble quelques mois auparavant puisqu’il m’avait demandé de rédiger une nouvelle très simple à filmer. Le projet n’a pas abouti (passez lui le message, j’attends toujours qu’il loue la caméra !) mais c’est peut être la prémisse de l’idée qu’il a eue de collaborer. Il m’a donc fait part de son envie de faire de « L’envol des éléphants » un projet élargi, un truc sympa dénotant de ce qui se fait aujourd’hui. Il m’a donc envoyé une première musique, m’a demandé de voir si je pouvais en faire quelque chose. L’idée m’a tout de suite plu ; j’ai donc renvoyé le premier texte, il a été satisfait, et voila comment tout a commencé pour moi dans ce projet.

Ecrire sur des musiques est un concept très peu utilisé, comment as-tu abordé ce travail, de quelle manière ?

A F : Tout d’abord je dois dire que j’ai pris beaucoup de plaisir à réaliser ces nouvelles ! Pour un écrivain amateur comme moi, c’est un vrai exercice de style. Ce ne sont pas des créations pures, puisque je me suis inspiré de l’univers de Mik le Désaxé. J’ai tout de suite senti que le projet auquel je participais était carré ; je me suis donc fixé plusieurs critères de rédaction : respecter le format musical (soit 3/4/5 minutes d’écoute) en termes de longueur (ce qui se traduit donc par 2/3 pages word) ; me baser sur les thématiques des musiques (selon ma perception); enfin essayer au maximum de varier mon style d’écriture pour ne pas rendre monotone la lecture. J’espère avoir réussi.

Selon toi qu’est ce qui t’as inspiré pour écrire les nouvelles ? Les instrus, les paroles, l’atmosphère des chansons ?

A F : J’ai procédé de la même façon pour chaque musique. Je les ai tout d’abord toutes mises sur mon baladeur pour pouvoir les écouter dans le métro, dans la rue, chez moi, et ainsi m’en imprégner. Tout m’inspirait : instrus, paroles, atmosphère des musiques. Par exemple, pour « 14 juillet », c’est le côté frénétique des instrus qui m’évoquait un fil conducteur au rythme très rapide, à une sorte de course effrénée. Ainsi, l’utilisation de la première personne du singulier s’est logiquement imposée pour rendre la lecture plus dynamique. Dans « L’œil qui ne séchait plus », les instrus m’inspiraient quelque chose de bucolique, une sorte de rêve éveillé très lumineux, d’où mon histoire. Au contraire, dans « Virée nocturne », ce sont vraiment les paroles et les côtés obscur et solitaire qui ressortaient qui m’ont inspiré. A chaque fois, une fois la trame définie et les 2/3 passages forts de chaque nouvelle en tête, je me suis lancé dans l’écriture. Toujours avec la même idée en tête : essayer de surprendre au maximum avec une fin inattendue ou volontairement « ouverte », sans réponse, ou laissant à réfléchir.

Quelle chanson t’as le plus inspiré ?

A F : Question assez compliquée puisque toutes m’ont inspiré différents sentiments. Emotionnellement, c’est peut être « L’œil qui ne séchait plus ». C’est celle que je trouve la plus « belle » et la plus profonde. Objectivement, elle est peut être en dessous d’autres plus techniques comme « L’envol des éléphants », ou « Virée nocturne », mais je trouve qu’il s’en dégage une alchimie assez peu commune.

Sinon, au niveau de la réflexion, « Machine à coudre le temps » m’a très fortement inspiré et je me suis rendu compte en la terminant que j’avais d’autres idées pour en faire une véritable histoire... Pourquoi pas !

 Quelle est la nouvelle qui se rapproche le plus de ce que tu écris d’habitude ?

A F : J’en mettrais 3. Les 2 premières que je classe ensemble à savoir « Virée nocturne » et « Hypocondriaque » ressemblent dans leur thématique à ce que j’ai pu écrire. Tout ce qui touche à la complexité de l’être humain me fascine. Ses faiblesses, peurs, doutes, pathologies mentales (mythomanie, schizophrénie, folie) et les multiples déchéances qui peuvent le toucher, telles l’alcoolisme, la dépendance… Ce sont des sujets que j’adore traiter, et j’aime montrer que derrière ce fou qui hurle dans le métro, il y a une histoire, un passé, une vie qui un jour s’est décousue et qu’un enchainement de choses a amené à cet état « critique ».

La 3ème est « L’envol des éléphants » qui colle vraiment à mon univers de Science Fiction. Mais la finalité reste la même, soit l’introspection volontaire ou forcée d’un homme dans une situation critique. Je suis de ceux qui croient que l’homme peut se surpasser et accomplir des choses incroyables (positives comme négatives d’ailleurs), d’où mon envie de traiter ce sujet.

Dans la nouvelle « machine à coudre le temps, » tu fais une critique d'une société ou gravir un échelon social reviendrait à oublier son passé. Qu'en penses-tu? Quelle est la part de « ta » vérité sur le sujet?

A F : Dans la nouvelle, un homme passe un Bilan duquel il ressortira une évolution, stagnation ou régression qui se matérialisera par un pull d’une certaine couleur. Tout cela est très imagé et représente les différents rites de passage d’une personne : diplôme, premier emploi, mariage, premier crédit, etc… Et en effet, ce qu’il ressort de cette nouvelle, c’est un homme qui, au début, trouve que son pull orange a du cachet, mais une fois qu’il le troque contre mieux (selon les codes en vigueur) et qu’il voit d’un rang supérieur son ancien échelon social, il le trouve finalement médiocre. Sans vouloir me montrer pessimiste ni donneur de leçons, je crois qu’il est dans la nature humaine de vouloir s’affranchir de son passé, d’oublier un peu « d’où l’on vient » et d’en faire encore plus pour se sentir accepté par ce nouvel ordre social. C’est ce que j’ai voulu faire ressentir dans cette nouvelle. A noter que ce thème n’est pas nouveau dans la littérature Science Fiction. « 1984 » d’Orwell, « Le meilleur des mondes » de Huxley et « Les monades Urbaines » de Silverberg traitent à merveille de la hiérarchisation de la société et des vues de chaque classe vis-à-vis des autres.

Dans « 14 Juillet », ce sont la télévision et ses jeux qui sont remis en question, que penses-tu de la TV en générale et de son influence? Pourrais t'on aller vers ce genre d'émission dans un futur proche?

A F : Je regarde de moins en moins la télévision, aussi bien par manque de temps que par choix. Bien sûr, « 14 juillet » est très extrême dans son traitement mais qui, il y a dix ans, aurait pu croire que des émissions de téléréalités se succéderaient où des couples se déchirent, des gens sont enfermés pendant des mois, et pire encore dans d’autres pays. Des drames et suicides sont d’ailleurs déjà arrivés. Ce qui me frappe, c’est qu’aujourd’hui, la télévision réussit là où les autres moyens de contrôle ont atteint leurs limites : les personnes s’y rendent de leur plein gré, se plient d’eux-mêmes aux règles et aux traitements parfois indignes qu’on leur inflige. Le téléspectateur, personne ne lui impose de presser le bouton marche, de voter par sms ou de témoigner par téléphone. Il le fait spontanément. Seule la télévision à ce pouvoir aujourd’hui et c’est dangereux, d’autant qu’elle nous donne à croire que nous comprenons tous les problèmes : crises, économie, environnement, alors que nous n’en comprenons qu’un erzats. Malgré tout, je pense que cela reste un média formidable qui est aujourd’hui utilisé à mauvais escient.

Pour finir avec tes nouvelles, « bande de chômeurs », tout comme la musique, semble sortir du lot au niveau de l'ambiance (plus positif que dans les autres morceaux).
Que penses-tu de ces nouveaux «profiteurs»?

A F : Tout d’abord, si « Bande de chômeurs » sort du lot, c’est parce que la musique est aussi plus cool ! Si Mik le Désaxé était moins torturé, peut être que mes textes le seraient moins également ! Plus sérieusement, nous vivons une période où le chômage des jeunes est fort et où il est facile de rester longtemps à l’école. Il ne faut pas se mentir : être entre potes durant la journée, jouer à la console et squatter un parc, c’est tentant, et même carrément jouissif. Après, je pense qu’il y a quand même des limites à cette situation qui ne peut s’éterniser. L’argent, on en a tous besoin. Mais sincèrement, à la fac, j’étais plutôt du côté « glandeurs » et « squatteurs »…

Pour sortir un petit peu de l'envol des éléphants, j'aimerais savoir quels sont tes projets pour la suite ?

A F : J’ai terminé voila quelques mois mon premier ouvrage d’une taille importante (environ 120 pages format poche) et j’ai ensuite fait une petite coupure parce que mine de rien, c’est éreintant. Cela m’a pris 5 à 6 mois du début à la fin! Depuis, j’ai donc réalisé ces 7 nouvelles, et j’ai également commencé à écrire à nouveau un roman grand format. La trame est prête, les chapitres également, il ne me reste plus qu’à me relancer dans l’écriture quand je sentirai réellement que je suis prêt à mener ce projet du début à son terme. Il ne faut pas se forcer, sinon tout devient laborieux. Pour le moment je me contente d’y penser, de noter des idées, d’affiner mon histoire, etc... Sinon, je dois dire que mon carnet de notes regorge d’une dizaine d’idées d’histoires en attente ! Reste à savoir lesquelles je débuterai un jour ou non...

As-tu pour objectif d’être publié ?

A F : Actuellement ce n’est pas réellement ma priorité. Pour mon roman « Ce qui touche au Sublime », j’ai envoyé des manuscrits à deux agences d’édition d’écrivains amateurs, comme ça, pour tester un peu le truc. L’une ne m’a pas répondu, l’autre était intéressée pour me publier mais bien sûr, il faut débourser un peu d’argent pour l’édition, l’impression, les prestations offertes, etc... Ce n’était ni dans mon budget, ni dans mes priorités mais qui sait, peut être qu’au prochain, je serai un peu plus dans cette démarche là !

Question bonus : quels sont tes morceaux préférés sur l'envol des éléphants? Et ta nouvelle favorite? Pourquoi?

A F : Alors, j’aime beaucoup « L’œil qui ne séchait plus » pour le côté différent au niveau instrumental. J’ai l’impression qu’il se dégage une accalmie, une sérénité et une harmonie de cette chanson et ça fait du bien. J’adore « 14 juillet » pour l’inverse : elle est pêchue, dynamique, violente. Enfin, pour les paroles, je dirais que « L’envol des éléphants » est la plus profonde et recherchée.

Pour ma nouvelle, c’est très difficile car chacune m’évoque un sentiment différent ! Ce sont plutôt des passages dont je suis assez fier plutôt que des nouvelles entières : l’énumération « trash » de fin dans « 14 juillet », le dialogue entre les deux protagonistes de « L’envol des éléphants », la chute de fin dans « Hypocondriaque », le dialogue intérieur de « Virée nocturne ». Allez, pour me plier à l’exercice, je dirais que c’est le texte de « L’envol des éléphants » dont je suis le plus content, car je crois avoir très bien réussi à faire passer ce que je voulais faire passer ; il est également plein de subtilités et de non-dits.

Un mot pour finir ?

 A F : Petit mot de fin : pour tout ceux qui voudraient me donner leur retour sur les textes, qu’il soit bon ou très mauvais, n’hésitez surtout pas à me contacter sur mon facebook ou mon gmail (anthony.faure.mit@gmail.com). Ça aide à progresser et c’est assez sympathique de savoir que quelqu’un a lu ce que vous avez écrit. De même, ceux qui souhaitent en découvrir davantage sur mes projets et écrits, vous pouvez me contacter par le même biais et je vous ferai parvenir mes écrits. Je vous remercie !

Merci pour ces brillantes questions !


Merci à toi et bonne chance pour la suite !



L'intégralité des nouvelles du projet l'envol des éléphants sont téléchargeable sur www.artingpot.com/envoldeselephants

mardi 9 novembre 2010

L'envol des éléphants? pourquoi?


Pourquoi Mik le Désaxé et YuAir ont-ils choisis "L'envol des éléphant" pour titre de leur projet?


Dans la religion hindoue, Ganesh, dieu de la Sagesse, de l'intelligence et de la prudence possède une tête d'éléphant.
L'éléphant est une figure symbolique chrétienne, exhortant à la sagesse, à la circonspection, à la constance, la chasteté et la maîtrise de soi.






Salvador Dali représente ses éléphants avec les longues pattes du désir invisible, à plusieurs rotules, portant sur leur dos l’obélisque symbole de puissance et de domination. Le poids supporté par les pattes frêles de l’animal évoque l’apesanteur.

L'éléphant a conscience de lui même. En effet,  il est, avec l'humain, le dauphin, le corbeau et certaines espèces de grands singes, l'une des rares espèces animales à réussir le test du miroir de Gallup : lorsqu’on marque d’une tâche le front d’un éléphant en un point qu’il ne peut voir directement et qu’on lui présente un miroir, il passe sa trompe sur la tâche. L'éléphant reconnaît donc son image et de ce fait, se rapproche de l'intelligence humaine.
Sa taille et son poids de plusieurs tonnes  font de l'éléphant le plus gros animal terrestre.  L'image de l'éléphant volant est assez connue, notamment par le film de Disney Dumbo.
Dans "L'envol des éléphants", l'éléphant représente des soucis et des tabous qui ont du mal à faire surface chez nombre de personnes.
Nous pouvons prendre pour exemples les morceaux "Bande de chômeurs" et "Hypocondriaque". Dans "Bande de chômeurs", la mélodie et les paroles transforment un sujet lourd comme le chômage en choix de vie. Évidemment, le chômage, qui est perçu dans l'imaginaire comme un échec de vie n'est jamais traité de cette façon dans les médias traditionnels. Pourtant, chez bon nombre de jeunes et de moins jeunes, il constitue un moyen de "profiter de la vie" dans une société où le travail est la première des priorités et parfois le seul moyen "d'exister" socialement.
Dans "Hypocondriaque", le sujet est traiter de façon plus sombre, autant par les paroles que par l'instrumentale angoissante. Cette angoisse qu'à l'hypocondriaque d'être atteint d'une maladie grave est un véritable phénomène de société. Aujourd'hui, la peur d'être malade touche de plus en plus de monde. Le morceau "Hypocondriaque" est un hymne à ceux qui se voient, un jour touchés par le cancer, le lendemain en plein forme et la semaine suivante de nouveaux atteints par je ne sais quelle maladie grave !

Cet "envol des éléphants" est donc un moyen de lancer ses soucis dans les airs comme des ballons gonflés d'hélium dans l'espoir qu'ils éclatent un jour.

lundi 8 novembre 2010

Sortie officielle et gratuite de l'Envol des éléphants !!!

Pour Mik le Désaxé et YuAir, l'envol des éléphants est en quelque sorte une libération artistique! L'album apporte une véritable vague de fraîcheur et d'originalité à travers ses paroles et ses sonorités. Les deux artistes vont tenter de perdre l'auditeur dans un dédale de 8 titres mêlant rap et chant à des sons aux multiples influences. L’ensemble de ces titres a été enregistré et mixé par Dodji Brasko (Derwa Rekordz).

La participation du photographe Antoine Barbot et celle du nouvelliste Anthony Fauré font de ce projet une véritable rencontre créative autour de l'association Arting Pot.

Laissez-vous entraîner dans cet envol et téléchargez le projet comprenant l'intégralité des morceaux, la pochette, les paroles ainsi que les nouvelles.